Soyons honnête, de prime abord, cet album semble sans grande surprise.

Il pourrait à lui seul illustrer le cliché de ce qu’on entend par « le son 4AD » : un pied chez Cocteau Twins, un autre chez Pale Saints, une voix éthérée, des guitares noyées dans le chorus, posées sur une boite à rythmes rondelette. Tout y est, mais a fortiori, la recette a petit gout de déjà-vu. Cependant ne soyons pas trop dur. L’album est très plaisant et ponctué de quelques touches plus personnelles comme le tubesque Violet qui à lui seul vaut le détour. Et si vous êtes en manque de shoegaze ambient, alors vous prendrez plaisir à vous cocooner dans ce disque cotonneux. Quoi qu’il en soit, on a hâte de découvrir la suite du parcours de cette jeune Irlandaise, qui si elle gagnerait à s’émanciper un peu de références prépondérantes, a au moins le mérite de maitriser son sujet.

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En Angleterre, au sortir du mouvement Punk de la fin des années 1970, de nombreux labels indépendants voient le jour.

Certains deviendront culte. On pense évidemment au défunt label Factory qui révèlera Joy Division, New Order et les Happy Mondays ; au label Mute qui hébergera Depeche Mode, Cabaret Voltaire et DAF ; mais surtout au passionnant label qui nous occupe aujourd’hui : 4AD.

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Fin 1979, Ivo Watts-Russell, employé du magasin de disques Beggars Banquet à Londres, fonde 4AD Records. Le nom est une abréviation du mot « forward » (« en avant »). Le premier 45 tours édité par le label est un single du jeune groupe Bauhaus qui par la même occasion invente un rock gothique qui mélange dadaïsme, expressionnisme et l’actionnisme viennois. S’ensuivent les premières sorties des Australiens de Birthday Party, menés par un certain Nick Cave, ainsi que les premières sorties de The The. Très vite, à l’instar du label Factory qui s’associe au designer Peter Saville, 4AD comprend que l’identité visuelle du label est un moyen incontournable d’appuyer l’esthétique musicale qu’il souhaite développer. C’est ainsi qu’en 1983, il entame une collaboration avec le studio graphique V23. Parallèlement, sans délaisser le post punk gothisant (sortie du premier album de X-Mal Deutschland), le label s’oriente vers des artistes plus éthérés, voire mystiques en signant Dead Can Dance, mais surtout Cocteau Twins qui posera progressivement les bases du son shoegaze à venir. L’esthétique précieuse mais subtile des graphistes v23 suit la tendance et ajoute au mystère et à l’ésotérisme du label.

Watts-Russell initie alors un projet collectif, une sorte de supergroupe, invitant les artistes du label à collaborer sous le nom d’une entité fictive, This Mortal Coil, dont le label manager est le directeur artistique et le chef d’orchestre. Un morceau se détachera du projet et offrira au label son premier succès commercial, le titre Song To The Siren, reprise de Tim Buckley, interprétée par deux membres de Cocteau Twins. Le titre sera régulièrement utilisé par le cinéma et la publicité. En 1987, une collaboration entre deux groupes du label (Colourbox et A.R. Kane) sous le nom de M/A/R/R/S engendre un premier tube planétaire totalement inattendu : le hit Pump Up The Volume qui fera date dans l’histoire de la musique électronique. A la fin des années 1980 le label signe ses premiers groupes américains dont Throwing Muses et Pixies. Ces derniers incarneront le renouveau du rock, mêlant distorsions, mélodies, accents latinos et guitares pré-grunge.

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Au début des années 1990, s’ensuivent les pionniers du shoegaze Lush et Pale Saints, le folk lyrique de Red House Painters, la pop ambient de His Name Is Alive, et le second tube mondial du label, le célèbre Cannonball des Breeders en 1993.                      

En parfaite harmonie avec l’évolution de l’esthétique du label, la colorimétrie des pochettes se réchauffe. Les designers V23 attachant également une attention particulière aux typographies, aux logos et aux sigles. Une identité visuelle assez reconnaissable qui permet aux fans du label d’identifier rapidement les nouvelles sorties. C’est hélas à double tranchant. Certains groupes signés sur le label insistent pour s’émanciper du design 4AD qu’ils jugent réducteur, les emprisonnant dans une sempiternelle esthétique éthérée et précieuse. Ce qui était au début une force visuelle deviendra à l’aube de l’an 2000, un fardeau. Aussi 4AD collaborera de moins en moins avec V23.

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En 1999, Ivo Watts-Russell revend le label au groupe Beggars qui possède déjà Rough Trade, Matador et XL Recordings. Le label existe toujours et signe de nouveaux artistes, mais une rupture esthétique s’opère et il n’est désormais plus question de développer un son particulier. Cependant, 4AD saura rester pertinent au 21è siècle et continuera de surprendre. Signalons l’électro-pop du premier album de Grimes (le tube Oblivion !) ; la pop romantique des américano-nippons de Blonde Redhead, la country-folk de Beirut, la dernière partie de carrière du mythique crooner Scott Walker, et quelques noms qui ne vous seront pas inconnus : TV On The Radio, Ariel Pink, Deerhunter, St. Vincent, US Girls, The National, Futur Islands, Bon Iver, Maria Somerville, Erika de Casier…

Ces dernières années, la nouvelle signature remarquable du label est sans conteste Dry Cleaning mené par la charismatique Florence Show qui déclame son spoken word sur un post punk qui n’a rien à envier aux grandes heures de PIL, Wire et des Banshees. Nous vous avions déjà signalé le merveilleux combo de filles déjantées Cumgirl8, toujours disponible dans votre bibliothèque.

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Par ailleurs, parmi les sorties historiques incontournables du label, signalons l’album Geek The Girl de Lisa Germano, sorti en 1994. Il vient d’être réédité en double CD et est disponible au rayon discothèque de la bibliothèque, tout comme les merveilleux Heaven Or Las Vegas de Cocteau Twins et le best of de Lush que nous venons d’acquérir.

Duster, l’une des figures de proue de la renaissance de la musique planante, a surpris avec la sortie sans promo de leur dernier album.

In Dreams (aucun lien de parenté avec le titre de Roy Orbinson) synthétise parfaitement la musique du duo, et même tout le genre shoegaze : guitares plaintives saturées, synthétiseurs aux échos d’outre-tombe, résonnance et sons dignes du vide intersidéral, le tout enregistré sur un matériel amateur donnant à l’album une patte low-fi. Parfait pour les amateurs et amatrices du genre, qui aiment ne faire plus qu’un avec leur fauteuil le plus confortable et se dissoudre dans la musique. Terriblement ennuyeux pour tous les autres. Ça passe ou ça casse !

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Véritable pot-pourri d’influences, cet album des jazzmen belges Black Flower mélange pêle-mêle dub, ethio-jazz, afrobeat et musique orientale dans des bandes aux rythmes souvent chaotiques mais toujours dansants, évoquant même parfois la musique électronique. Un vrai régal

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Bassiste d’exception, le Sénégalais Alune Wade revient avec un album enregistré à la Nouvelle-Orléans (d’où le titre), retraçant ainsi le trajet du Sénégal à la Louisiane mené par les esclaves et leurs tortionnaires.

L’album rend hommage aux multiples inspirations du musicien : entre les compositions de jazz/afrobeat d’Alune Wade, on retrouve des reprises uniques en leur genre d’artistes aussi divers que Fela Kuti (évidemment), mais aussi Herbie Hancock et son Watermelon Man, et même du Voodoo Child de Jimi Hendrix, le bassiste de génie entrant comme en conversation avec le fantôme du guitariste de génie. Un joyau entre boogie et juju.

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C’est dark, qu’est-ce que c’est dark.

C’est tellement dark que le disque est noir et gris et que le nom du groupe est écrit dans une police de caractère illisible. C’est kraut, c’est black, c’est metal. Les guitares électriques sont torturées et poussent des lamentations plaintives sur une basse répétitive industrielle. Pas de textes, que du son, rien que du son. Cocorico : c’est français. Très bon album si vous en avez gros sur la patate et que vous voulez couvrir les cris de rage que vous poussez dans votre oreiller quand vous lisez les infos.

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