Nous ne comptions pas de disque de Stereolab dans nos collections. Il a bien fallu choisir.

La dernière compilation de raretés ? un best of ? ou un album culte ? Nous avons opté pour la troisième option. Dots And Loops, sixième album du groupe, est sorti en 1997 et n’a pas pris une ride. On y retrouve tout ce qui caractérise la musique de Stereolab : une pop rétrofuturiste qui jette un œil dans le télescope et l’autre dans le rétroviseur. Une conception unique de la composition qui cite beaucoup ses ainés et ses pairs, de la noisy pop au krautrock, en passant par l’exotica, l’electronica, le funk, la tropicália brésilienne, la soul, le post rock, le free jazz, la new wave, la chanson française, la musique contemporaine, et le rock psychédélique… Et pourtant, et c’est ce qui est très fort : Stereolab fait du Stereolab.

Cela étant dit, si vous n’êtes pas familier du groupe, prenons le temps de revenir sur sa carrière. Stereolab s’est formé à Londres en 1990 à l’initiative de l’Anglais Tim Gane et de la Française Laetitia Sadier. Le couple constituera le noyau dur du groupe, auquel viendront bientôt s’ajouter plusieurs musiciens de passage, avant d’intégrer durablement l’Anglais Andy Ramsay et l’Australienne Mary Hansen. Les quatre musiciens partagent des influences encore peu exploitées à l’époque dans le rock indépendant : les musiques expérimentales et exotica des années 50, 60 et 70, mais aussi les « chabadabada » et autres « papapa » des comédies musicales de Jacques Demy. L’idée ambitieuse du groupe étant de mixer les synthés modulaires (essentiellement Moog) aux guitares bruyantes (quasi shoegaze) du début des années 1990. Les textes franco-anglais se veulent poétiques, philosophiques, politiques et mélancoliques. Au fil de ses albums, et de ses innombrables EP, Stereolab complexifiera la forme tout en s’adoucissant quelque peu. Arrivèrent alors les arrangements de cordes, les cuivres et les collaborations avec les Américains Tortoise et les Allemands Mouse On Mars sur la production musicale. Ainsi, la musique de Stereolab se prêtera tout aussi bien à une collaboration avec Brigitte Fontaine qu’à un remix d’Autechre. Dès lors, le groupe connaitra une ascension permanente jusqu’à 2002, année de la tragique disparition de Mary Hansen, victime d’un accident de la circulation à Londres et de la fin de la romance entre Laetitia Sadier et Tim Gane. S’ils ne signifient pas la fin du groupe, ces traumatismes rendront les productions à venir plus difficiles à concevoir et sans doute plus inégale, même si le groupe produira encore d’excellents disques jusqu’à sa séparation en 2010.

Dès lors, Laetitia et Tim suivront des voies parallèles, poursuivant chacun leurs projets « ersatz » (comprenez « plus ou moins du Stereolab sans Stereolab »). Mais surprise ! En 2019 le groupe se reforme pour des tournées phénoménales. Aucun nouvel album en vue à l’époque, mais les vannes des rééditions sont ouvertes : Le groupe ressort les albums enrichis de bonus, et plusieurs compilations de raretés.

Et soudain, Alléluia ! Breaking News ! Au moment même où nous rédigions innocemment cette chronique, la nouvelle vient de tomber. Un nouvel album sortira ce mois-ci et à en juger par le single déjà disponible, ce sera un grand cru. Il est malheureusement trop tard pour le commander pour le prochain Café Musique Cinéma. Mais soyez sûrs qu’il est déjà dans le panier de notre prochaine commande.

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A part un ou deux titres sur des compilations, nous n’avions pas de Cocteau Twins dans nos collections.

C’est aujourd’hui réparé. Et c’est naturellement que nous avons choisi d’acquérir Heaven Or Las Vegas, l’album qui incarne la quintessence du groupe, bien qu’aucun disque de Cocteau Twins ne mérite d’être ignoré. Sorti en 1990, Heaven Or Las Vegas est le 6e album du groupe et c’est un disque fondateur pour la scène Shoegaze. Mais, sans doute est-il nécessaire de rembobiner un peu. Cocteau Twins, c’est qui, c’est quoi ? Au sortir du mouvement punk qui embrasa la musique rock à la fin des années 1970 et qui redéfinit la façon même de composer de la musique, quelques jeunes gens désabusés orientèrent la formule minimaliste du punk vers des contrées plus sombres, plus introspectives, plus cérébrales et souvent plus expérimentales. On parle de Post Punk, puis de Cold Wave, et enfin, pour les plus sombres d’entre eux, de rock gothique. En 1978, c’est Joy Division qui plante le décor, suivi par The Cure, Siouxsie & The Banshees, Bauhaus, Sisters Of Mercy et bien d’autres. A Londres en 1980, un jeune label débute : 4AD records. Après avoir lancé Bauhaus et Birthday Party (Nick Cave), le label cherche à asseoir une esthétique à la fois sombre et éthérée, romantique et arty, voire quelque peu précieuse. C’est donc sans le moindre doute que 4AD signe les Écossais Cocteau Twins en 1981. Le trio se compose d’un bassiste, d’un guitariste et d’une voix. Oui, une voix et non une chanteuse, car Liz Fraser est une voix unique dans ce paysage et n’ayons pas peur des mots : unique dans la musique mondiale. Jamais complètement diva, mais toujours un peu punk, un peu jazz vocal et souvent mystique, ce chant est une langue à part entière (on parle de « glossolalie »), un instrument à lui tout seul. Confrontez ce chant aux arrangements de guitares de Robin Guthrie et à la basse de Simon Raymonde et vous obtenez une formule unique, souvent copiée mais jamais égalée. Heaven Or Las Vegas, s’il est plus accessible que ses prédécesseurs, est aussi le climax du parcours du groupe et c’est aussi une bande son idéale de l’été. Le groupe s’est séparé en 1997 et, selon les sources officielles, ne se reformera jamais. En dehors des disques de Cocteau Twins, vous pouvez entendre la voix de Liz Fraser sur le premier album de This Mortal Coil et sur l’album Mezzanine de Massive Attack.

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En attendant le nouvel album de Pulp à paraitre en juin, voici une très honorable compilation qui explore différents courants musicaux britanniques du début des années 1990 : Noisy Pop, Shoegaze, la scène Madchester et l’incontournable Britpop.

Le point commun de tous ces courants : avoir fait débarquer la pop sur les dancefloors en mélangeant tout ce qui peut permettre d’onduler mollement avec une pinte à la main et sans enlever sa parka North Face. En effet, à partir de 1989 et en l’espace de 5 ans l’Angleterre a, une nouvelle fois dans l’histoire, squatté les charts mondiaux avec une floppée de groupes tantôt destroy, tantôt chics, tantôt les deux : Happy Mondays, Blur, Oasis, Pulp, Supergrass, The Charlatans, Elastica, Lush, Ride, Primal Scream, Electronic, Manic Street Preachers, The Auteurs, Salad, Saint Etienne, The Stone Roses, Suede, Cornershop, The Boo Radleys, The House Of Love, Inspiral Carpets, Echobelly, Gene, Cast, Teenage Fanclub et bien d’autres… Quatre-vingt-dix (Nonante !) de ces groupes sont rassemblés sur ce coffret 4 CD édité chez Cherry Red. Une belle madeleine pour les vieux kids des 90’s et une jolie masterclass pour les autres. Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à voir ou revoir les films Trainspotting, et Twenty Four Hours Party People.

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Terrenoire est un duo composé de deux frères originaires de Saint-Etienne.

Dans Protégé.e, leur deuxième album studio, ils composent une pop à fleur de peau, retouchant beaucoup le son – distorsion, saturation, sonorités électro : on pourrait même leur reprocher, peut-être, une appropriation - rendue respectable au passage par le changement de genre - des techniques, thèmes et styles popularisés par les artistes de cloud rap. L’album est pourtant suffisamment expérimental, aux influences diverses, et riche de plusieurs morceaux marquants – Le Fou dans la voiture et ses paroles psalmodiées, la ritournelle geignarde mais touchante d’Un Chien sur le port, l’instru répétitive dubstep matiné de jungle de Paris, la grande villeProtégé.e n’est peut-être pas un album dont on se souviendra longtemps, mais c’est de la chanson française qu’on prend plaisir à écouter aujourd’hui.

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L’américain natif de Detroit Neil Ollivierra aka The Detroit Escalator a publié quatre EP et deux albums entre 1996 et 2001.

Soundtrack [313] est son premier album. Il reparaît en 2022 sur le label suisse Musique Pour La Danse, augmenté de morceaux inédits. Soundtrack [313] a su trouver un point d’équilibre entre ambient et techno. Sur chaque morceau trois ou quatre pistes se superposent, pas plus. On y entend de courtes séquences de synthétiseurs, ou de percussions qui se répètent, mais pas de drones, ces sons continus que l’on retrouve souvent dans la musique dite ambient. Ici, deux accords sont soutenus par un pattern de charley sur plus de 8 minutes (Force). Pourtant cette répétition n’ennuie pas. Les sonorités douces et sourdes délassent, deviennent hypnotiques, et créent un climat propice à la rêverie.

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Bhelize Don’t Cry est le premier album d’Uzi Freyja, après deux EP qui avaient attiré l’attention sur cette rappeuse camerounaise vivant en France.

Uzi Freyja assume pleinement son univers très personnel, entre la provocation et le chant d’émancipation, dès la jaquette du disque : une photo d’elle grimaçante, entièrement peinturlurée de noir, évoquant forcément les ministrels shows racistes américains ; le tout surmonté de cheveux rose bonbon et tranchant sur un fond bleu : tout son univers est déjà présent, sa provocation sans ambages, son goût pour le pop, et même, pourquoi pas, son côté queer – après tout, le rose et le bleu ont acquis depuis quelques années le statut de « couleurs bisexuelles ». Le nom de scène est lui aussi en accord avec la musique de l’artiste : son flow, inspiré entre autres de ceux de Nicki Minaj ou de Lizzo, a la rapidité d’un pistolet-mitrailleur uzi (la même arme à laquelle le Wu-Tang Clan avait consacré un morceau éponyme en 2001) ; et Freyja prend à la divinité nordique du même nom sa féminité et sa sexualité. Bref, que ce soit par son chant, ses textes, son univers ou ses sonorités électro-rock-punk, Uzi Freyja est assurément l’une des grandes rappeuses d’aujourd’hui et de demain.

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