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Faisant écho à la fin de l’homme rouge.
Ou le temps du désenchantement de Svetlana Alexievitch, TraumaZone est une série documentaire ambitieuse composée uniquement d’images d’archives issues des archives de la BBC, qui en plus de sept heures nous raconte la fin de l’URSS. Si quelques intertitres rappellent des éléments de contexte, il n’y a pas de commentaires mais la force des images et du montage nous raconte et nous fait ressentir la fin d’un monde. Le documentaire fait constamment des allers retours entre les grands événements (perestroïka, guerre en Tchétchénie, arrivée au pouvoir de Boris Eltsine) et la vie des femmes et des hommes ordinaires qui subissent ces changements radicaux modifiant en profondeur leur mode de vie. Que se passe-t-il quand on expérimente un capitalisme extrême ? Comment un mélange de corruption, d’incompétence et d’ingérence étrangère va mener jusqu’à l’avènement de Poutine ?
Russia 1985-1999, TraumaZone, de Adam Curtis, 2022
Série documentaire de 7 épisodes d’une heure. Visible sur Youtube.
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Le film retrace l'investigation menée par Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times au sujet des accusations d'agressions sexuelles commises par le producteur d'Hollywood, Harvey Weinstein.
Remarquable film-dossier où l’on assiste à une enquête minutieuse et haletante. La réalisatrice se focalise sur les témoignages des victimes du prédateur sexuel et montre bien la solitude des victimes. Les journalistes n’ont pas cédé aux intimidations et ont produit un travail rigoureux et implacable. Les comédiennes Carey Mulligan, que l’on a vu dans l’excellent film Les Suffragettes, et Zoe Kazan, petite fille d’Elia Kazan, sont parfaites et très investies. Cinq ans seulement après cette affaire qui a engendré le mouvement #Me Too, le cinéma américain prouve une nouvelle fois sa formidable capacité de recyclage et d'évocation de l'histoire récente. Sobre mais passionnant.
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Evelyn Quan Wang (Michelle Yeoh) est une femme sino-américaine qui tient une laverie avec son mari Waymond (Ke Huy Quan).
A la suite d’une conjonction de facteurs, les tensions montent dans la famille et le rêve américain s’étiole : la laverie est contrôlée par les impôts ; Waymond veut divorcer ; le père acariâtre d’Evelyn s’incruste dans le foyer, pendant que Joy la fille unique du couple, doit lutter pour faire accepter son homosexualité… Lors d'un rendez-vous avec une inspectrice des impôts (Jamie Lee Curtis), , la personnalité de Waymond change totalement lorsque que son corps est soudainement emprunté par Alpha Waymond, une version de Waymond venant d'un univers parallèle appelé « l'Alphavers ». Alpha Waymond explique à Evelyn l'existence du multivers, composé d’une infinité d’univers variant de très peu à immensément du nôtre. A partir de là, le film est irracontable tant il est déjanté, loufoque, original et drôle. L’univers des Daniels est digne d’un Gondry sous LSD. Le travail titanesque sur le montage, le scripte et le scénario confère d’emblée un statut culte au film.
Everything Everywhere All at Once est un des films les plus récompensés de tous les temps. Lors de la 95e cérémonie des Oscars il remporte les Oscars du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, du meilleur montage. Michelle Yeoh est sacrée meilleure actrice, tandis que Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis sont récompensés par les Oscars des meilleurs seconds rôles, masculin et féminin. Enfin, le film remporte l'Oscar du meilleur film.
Everything Everywhere All At Once, de Daniel Scheinert et Daniel Kwan, 2022
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Quel est le point commun entre une querelle de couple pour savoir qui va payer l’addition, un casting de mode aussi cynique qu’hilarant, la vie hors-sol des milliardaires et un naufrage qui prend des airs de Koh-Lanta ?
Sans doute une critique du capitalisme et de la superficialité de notre monde occidental. Certes, mais pas seulement. Car il y a quelque chose du Parasite de Bong Joon Ho dans cette comédie caustique suédo-franco-germano-britannico-américaine. Une même ironie, une même outrance où tout le monde en prend pour son grade. En trois chapitres, Ruben Östlund règle leur compte aux professionnels de la fashion, aux influenceurs d’Instagram, au monde du travail, aux ultrariches comme au personnel de ménage. Et comme souvent, lorsqu’il s’agit d’outrance, de caricature, de trait forcé, la fiction est tout de même très proche de la réalité, puisque c’est avant tout d’une critique du pouvoir dont il s’agit, et à travers elle, d’une critique du genre humain. A noter une scène de tempête en mer magistralement vomito-scatologique dont la longueur n’a d’égal que la drôlerie.
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Une plongée au cœur de l’anti-Terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 Novembre 2015.
Après son dernier film « Bac Nord », Cédric Jimenez signe un film d’intrigue, qui nous tient en haleine tout le long par cette traque et le jeu d’acteurs admirable. Jean Dujardin crève l’écran et procure de nombreuses émotions, à nous français et encore plus pour les Parisiens. Un pur chef-d’œuvre !
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Il y a des westerns qui paraissent peu réalistes.
First Cow n’est pas de ceux-là. Ici ni fusillade spectaculaire, ni poursuite effrénée. Pour son septième long-métrage, la cinéaste américaine Kelly Reichardt nous montre le quotidien d’une poignée d’hommes (il y a très peu de femmes dans le film), établis au milieu d’une forêt de l’Oregon. Nous sommes au début du XIXe siècle et la vie est dure pour les pionniers. « Chasse, pêche et perdition. » On suit le parcours d’un homme, qui tentera de survivre en mettant à profit ce qu’il sait faire de mieux, la pâtisserie. La forêt luxuriante de l’Oregon est omniprésente, avec ses infinies nuances de verts. De nombreux feux de camps brûlent dans ces paysages sombres et boueux. Kelly Reichardt utilise des objectifs à très faible profondeur de champ pour isoler certains plans de l’image. Le bokeh provoqué accentue l’impression que l’on ressent de contempler des tableaux. First Cow est un western original, lent et sensible. Un film sur l’amitié de deux hommes, à la fois doux et sauvage