Le pitch de la série : Après un séjour dans un centre de désintoxication, Rue Bennett fait son retour au lycée.

Le jour de la rentrée, elle fait la rencontre de Jules, une jeune adolescente trans, avec qui elle commence à tisser des liens très forts. Les deux jeunes femmes, ainsi que leurs camarades de classes et amis, évoluent dans un univers où la jeunesse n'a plus de tabou : les relations amoureuses se défont aussi vite qu'elles se font, les réseaux sociaux sont omniprésents, les névroses et secrets de chacun sont exposés aux yeux de tous et la drogue est facile d'accès. On pourrait s’arrêter là et se dire qu’on est en présence d’une « teen série » comme une autre. Mais ce serait aller vite en besogne. Car cette série est remarquable à plus d’un titre et en premier lieu pour le regard qu’elle porte sur la génération Z, pour qui l’avenir est de plus en plus sombre. Remarquable également pour la galerie de personnages touchants et profonds, et surtout pour les performances des acteurs dont Hunter Schafer et Zendaya (Emmy Award de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique en 2020 et en 2022). Le portrait juste d’une jeunesse américaine en proie aux comportements (auto)destructeurs.

Enfin, la série est rythmée par une bande son exceptionnelle composée par Timothy McKenzie, dit Labrinth (déjà remarqué pour ses collaborations avec Sia, Diplo, The Weeknd et Nicki Minaj). Les 26 morceaux (tubes, pièces orchestrales, vignettes et autres ritournelles) réunis sur ce disque en font ce que doit être par essence une bande originale de film, c’est-à-dire, une narration, un récit, une épopée sans images. Et en conjuguant des références aussi diverses que la Trap, le RnB, l’Ambient, Prokofiev, les B.O de Tim Burton et celles de Lynch, c’est tout l’univers poisseux et tragiquement beau de la série qui prend forme, sur un disque dans lequel on se baignera régulièrement, en attendant la fin du monde.

Euphoria, saisons 1 + 2, de Sam Levinson, 2019

Paris, un kiosque à journaux. Alexandra est réalisatrice, fille, petite-fille et arrière-petite-fille de kiosquiers.

Elle est venue prêter main-forte à sa mère et, comme dans un vieux rêve d'enfant, joue à la marchande. Depuis cette fenêtre sur la rue, elle filme avec humour et tendresse les coulisses du métier et le défilé quotidien de clients détonants. Mais la presse papier et les commerces de proximité sont en crise, et ce petit jeu s'avère finalement plus compliqué que prévu... Un documentaire très attachant avec cette belle galerie de portraits d’habitants du 16ème arrondissement de Paris. Il prend de l’épaisseur dans son propos avec l’évocation des difficultés du métier et la concurrence d’Internet. Alexandra Pianelli est en plus une jeune plasticienne et ses petites lucarnes d’animation ludiques font un bel écho aux enjeux de la société en général et distillent un charme certain et mélancolique.

Le kiosque, de Alexandra Pianelli, 2021

Chez les Dumar, on est chef d'orchestre de père en fils : François, le patriarche, achève une longue et brillante carrière internationale, tandis que Denis, le fils, vient de remporter une énième Victoire de la Musique Classique.

Quand François apprend qu'il a été choisi pour diriger la Scala, son rêve ultime, son Graal, il est fou de joie. Heureux pour son père, et en même temps envieux, Denis déchante vite lorsqu'il découvre qu'il y a méprise et que c'est en réalité lui qui est attendu à Milan...Un film orchestré par un sublime casting : Pierre Arditi, Yvan Attal, Miou-miou… A voir en famille.

Maestro(s), de Bruno Chiche, 2023

Le portrait sans concession d'une femme complexe qu'on surnommait la "Voix".

De ses débuts comme choriste dans le New Jersey à son statut d'artiste parmi les plus récompensées et renommées de tous les temps, le film retrace le périple galvanisant, poignant et profondément émouvant de Whitney Houston. Un parcours exemplaire ponctué de concerts sensationnels et des chansons les plus emblématiques de la star. La réalisatrice de « Harriet » montre par ce film biographique, l’histoire de la chanteuse internationale, nous dévoile avec pudeur le destin glorieux mais aussi tragique de la diva.

La voix de l’interprète, comédienne Naomi Ackie est juste et magnifique mais malheureusement l’actrice ne ressemble pas physiquement à la star, peut-être une manière voulue par la réalisatrice de montrer que Whitney Houston était unique. Un film tout public !

Whitney Houston : I Wanna Dance With Somebody, de Kasi Lemmons, 2023

“Je rencontre Pierrot à l’automne 2018. Nous manifestons ensemble au cœur du mouvement des Gilets jaunes. La terre tremble, nos cœurs aussi. Nos corps se mêlent à des milliers d’autres qui expriment leur colère dans la rue tous les samedis." Laurie Lassalle

La réalisatrice a participé au mouvement des gilets jaunes, elle y rencontre Pierrot, tombe amoureuse. Boum Boum est le récit croisé de cette lutte collective et d’un amour naissant. Au fil des manifestations et des rencontres la caméra au plus proche des corps nous raconte comment le désir dans ce qu’il a de plus charnel et la colère sociale peuvent s’entremêler. Si la réalisatrice se met en scène et en danger ce n’est pas le narcissisme qui guide sa démarche mais plutôt la volonté de montrer que si l’amour et la révolution sont peut-être des utopies, une étincelle contient toujours la promesse d’un incendie.

BOUM BOUM, de Laurie Lassalle, 2022

Attablés autour de verres de vin, de vieux chasseurs italiens se racontent la légende de Luciano.

Un ivrogne imprévisible et ombrageux qui vécut dans leur petit village il y a quelques générations de cela. Un jour, Luciano dépassa les bornes et commis une faute grave qui impacta sa vie de manière irréversible. Gabriele Silli, qui interprète Luciano, se montre impressionnant dans son incarnation de l’insoumis colérique. Le réalisme de cette première partie, qui dépeint la vie misérable de paysans italiens, cède ensuite sa place à la légende. Le paysage et la lumière changent. Le film se transforme alors en un western mystique. La Légende du Roi Crabe est un film âpre, où la nature tient une place importante, et où la mise en scène épurée met en lumière le personnage hors norme qu’est Luciano. Un premier long métrage surprenant qui a reçu plusieurs prix internationaux.

La Légende du Roi Crabe, de Alessio Rigo De Righi & Matteo Zoppis, 2021