Le film du réalisateur singapourien Anthony Chen se distingue par sa simplicité formelle et sa grande délicatesse.

Sur les plages paradisiaques d'une île grecque, personne ne remarque Jacqueline, qui erre comme un fantôme après avoir fui le Libéria en guerre. La première image du film montre les empreintes des pieds de Jacqueline dans le sable qui s’effacent avec la mer, comme un symbole de son identité qui disparait. La rencontre avec une guide touristique américaine, Callie, elle aussi, seule, expatriée, sera celle qui redonne une identité au personnage en l'ouvrant à ses émotions. La beauté du film s’arrime à ce récit de renaissance amicale. Pour chacune d’elles il faudra apprendre à compter sur l’autre. Construit sur une narration en flashback assez classique, le montage arrive à un équilibre parfait et distille une émotion grandissante. La force du film tient aussi par ses deux comédiennes impressionnantes. Callie, jouée par Alia Shawkat est lumineuse. Cynthia Erivo qui joue Jacqueline, que l’on a vue par la suite jouer la méchante Sorcière de l’Ouest dans le phénoménal Wicked, est sobre, digne et touchante. MARC

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Sortie en 2004, Paranoïa Agent est la seule série TV créée par Satoshi Kon.

Malgré la filmographie très courte de son auteur (décédé brutalement à 46 ans), pourtant internationalement salué, elle est encore trop méconnue. En France, peut-être que ses thèmes très adultes (dépression, burn-out, agression…) l'ont empêché de trouver du succès auprès des adolescents, principaux consommateurs de séries animées à l'époque de sa sortie, et à qui Paranoïa Agent n'était de toute façon pas destinée directement. Il s'agit néanmoins d'une grande oeuvre, charnière entre Perfect Blue et Paprika, les deux oeuvres phares de son auteur.

L'histoire commence comme une enquête policière très réaliste : un enfant en rollers, armé d'une batte, agresse des inconnus dans les rues de Tokyo. Petit à petit, la ville va basculer d'une hystérie collective à une sorte de rêve sous hypnose, révélant les traumatismes de chacun dans des séquences surréalistes où se révèle tout le talent d'animation du studio de Satoshi Kon, sur une bande-son mystérieuse aux sonorités étranges composée par Susumu Hirasawa. Une satire poétique et pleine d'espoir de la société japonaise et de son culte de la réussite. CLEMENT.

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Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parlent plus vraiment.

Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire. Ce film est un mélange de genres, entre un thriller et une comédie. Le rire vient amortir la rudesse de certaines scènes violentes. JEAN

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En 1966, quand on lui demande de réaliser Django, Sergio Corbucci a une vision : celle d'un western glacial, sous la neige, où l’hostilité de la nature ne vient pas du soleil brûlant du désert, mais du froid stérile des montagnes en hiver.

Faute de moyens, il doit revoir ses ambitions, et se contente de tourner un film qui se passe dans un univers de boue : s'il ne peut pas avoir son western enneigé, il aura un western crasseux… Deux ans plus tard, grâce à l'immense succès du crépusculaire et ultra-violent Django, le réalisateur a enfin les moyens de faire naître sa vision, et s’attelle alors au tournage du Grand Silence. Fait peu courant pour un western, le film s'ouvre sur un carton expliquant que l'histoire est tirée de faits réels : la Guerre du Comté de Johnson (également adaptée au cinéma par Michael Cimino avec son chef-d'oeuvre La porte du Paradis), conflit opposant petits paysans et grands propriétaires terriens, ces derniers étant allés jusqu'à embaucher des armées de mercenaires pour massacrer leurs opposants et récupérer leurs terres, sous des prétextes légaux fallacieux. Le cadre du film de Corbucci est donc dès le départ intrinsèquement politique, et particulièrement iconoclaste envers les mythes fondateurs des Etats-Unis.

Dans ce contexte, Jean-Louis Trintignant interprète Silenzio, tueur à gages spécialisé dans le meurtre des chasseurs de prime, sur lesquels il a toujours le dessus grâce à deux choses : sa vitesse surhumaine et sa puissance de feu supérieure, car il brandit un pistolet automatique, symbole de l'industrialisation de la guerre et des massacres à venir... Trintignant endosse ici un rôle historiquement associé aux méchants, mais qu'il joue comme un héros, honorable (il ne dégaine jamais le premier) et mettant sa force au service des faibles. Face à lui les chasseurs de prime, menés par un Klaus Kinski mielleux et pervers à souhait, ont la loi pour eux et tiennent un rôle historiquement associé au héros de western. Le Grand Silence est ainsi le film de tous les contraires, et on se doute que le film se termine moins avec un héros victorieux partant vers le soleil couchant que dans un bain de sang sur la neige blanche...
Le Grand Silence est le chef-d'oeuvre de Sergio Corbucci, et l'un des plus grands westerns spaghetti, son influence se retrouvant dans des oeuvres telles que John MacCabe, Les 8 Salopards, La Porte du Paradis, mais également dans la BD franco-belge, la série Durango étant très largement inspirée par le film. CLEMENT.

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Ce film nous plonge dans les coulisses du football d’aujourd’hui, industrie planétaire où les intérêts se chiffrent en milliards.

Driss, agent de joueurs, a sept jours pour sauver sa peau avant la fin du mercato. Le réalisateur explore un sujet rarement exploré au cinéma, l’envers du décor de ce sport. JEAN

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Si le dernier film de Mohammad Rasoulof est bien une fiction, l’action prend place à Téhéran dans un contexte historique récent : les manifestations consécutives à la mort de Mahsa Amini en 2022.

L’étudiante de 22 ans avait été brutalement arrêtée par la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ». Elle avait rapidement succombé à une hémorragie cérébrale consécutive aux violences infligées par les policiers. L'annonce du décès provoqua de nombreuses manifestations dans le milieu universitaire et toucha spécifiquement la jeunesse. La répression de ces manifestations par la milice du général Salami fut très violente et causa la mort de plusieurs centaines de manifestants ainsi que l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les Graines du figuier sauvage retrace la vie d’une famille iranienne dont le père est en passe de devenir juge au sein de la police. Cette promotion qui lui est accordée bouleverse sa vie et ses valeurs. Très vite, il se retrouve prisonnier du système et s’y soumet, expédiant chaque jour les jugements de centaines de jeunes manifestants, les envoyant tantôt en prison, tantôt à la mort. Bien entendu, cette soumission au régime est entretenue par la peur qu’il inspire, mais également par un principe beaucoup plus banal : la recherche de l’ascension sociale. En effet, le père de famille pense au confort matériel de son épouse et de ses deux filles. Il est question d’un nouvel appartement de fonction, d’un lave-vaisselle. Le confort et le statut social valent bien quelques compromis avec la morale. Alors que ce nouveau contexte s’installe, l’arme de service du patriarche disparait au sein même du domicile familial. La tension monte lorsque le père soupçonne ses filles, puis sa femme.

Lui-même victime de plusieurs arrestations et de peines de prison, le réalisateur Mohammad Rasoulof connait les policiers et les magistrats iraniens. Il a eu de nombreuses fois l’occasion d’essayer de rencontrer l’humanité qui subsiste derrière la fonction. Il y est parfois parvenu. De fait, il ne s’agit pas d’accorder aux bourreaux des circonstances atténuantes, mais bien de les montrer tels qu’ils sont : des humains corruptibles, faibles, apeurés, constituant les rouages parfaits d’un système de terreur. ANTHONY

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