Le 14 avril 2022 s’est déroulée la rencontre entre Valentin Gendrot et les élèves de la 2nde 4 du lycée Jean-Renoir de Bondy dans le cadre du festival Hors limites. Cela s’est passé dans une salle de la bibliothèque Denis-Diderot. Les élèves et le public se sont installés en face de lui sauf les élèves médiateurs qui étaient assis à côté de l’écrivain pour lui poser des questions sur son livre. Il a répondu très ouvertement. La séance s’est très bien déroulée. Il n’y avait aucun blanc et nous avons pris du plaisir à l’écouter.

Jeudi 14 avril 2022, Bibliothèque municipale Denis-Diderot de Bondy

Compte rendu, par la classe de 2nde 4 du Lycée Jean-Renoir

Valentin Gendrot est un journaliste et auteur français né en 1988. Il est journaliste indépendant depuis 2014 et s’est spécialisé dans l’infiltration.  Il  raconte ses quatre premières infiltrations dans Les Enchaînés, publié sous le nom de Thomas Morel en 2017.

Flic : un journaliste a infiltré la police (éditions Goutte d’or, 2020, réédition en poche, 2022) parle de l’histoire vraie d’un journaliste qui, durant de longs mois, a infiltré la police française. Valentin Gendrot  a d’abord suivi une formation à l’école de police de Saint-Malo et a fini par devenir policier contractuel. L’auteur raconte en particulier comment il assiste au tabassage d’un adolescent noir par un collègue policier. Alors que le jeune homme de 16 ans porte plainte pour violence policière, Valentin Gendrot découvre de l’intérieur comment ses collègues étouffent l’affaire. Cette infiltration unique nous délivre les secrets que seuls les policiers partagent.

 « C’est un livre assez paradoxal : il (Valentin Gendrot) décrit une réalité qui est peut-être méconnue par la population mais une réalité que nous vivons au quotidien (…). Nous sommes des éponges de la société, une personne lambda ne peut pas voir ou n’accepte pas de voir, nous on le voit et on le vit, c’est ça la réalité. L’autre côté, c’est qu’il décrit aussi certaines situations dont il se dit lui-même complice et ce qui est dérangeant c’est qu’il n’est pas journaliste quand il est policier » (Abdoulaye Kanté, policier dans les Hauts-de-Seine, interviewé sur BFM TV).

Valentin Gendrot a décidé d’infiltrer la police car il y a des gens qui la détestent et d’autres qui la défendent, c’est très binaire et il veut apporter de la nuance. Il veut montrer ce qu’est le métier des policiers aujourd’hui entre leur mal-être (suicide, dépression) et leurs mauvais comportements (bavures, insultes racistes). Avant de s’infiltrer, il avait des stéréotypes défavorables envers la police. Après six mois d’infiltration il a développé de l’empathie pour les policiers. Il trouve leur travail difficile et a pu se débarrasser de certains clichés.

Il a failli arrêter son infiltration quand on lui a dit qu’il allait travailler pendant un an à l’institut psychiatrique de la Préfecture de police. Mais il a persévéré. Quand il est arrivé au commissariat, il a été choqué des termes utilisés par ses collègues pour désigner les migrants et les jeunes d’origine africaine. Il était choqué du racisme exprimé si facilement mais c’était tellement banal qu’il s’est habitué à utiliser lui-même une expression comme « les bâtards » dans le cadre de son rôle de policier.

Un élève médiateur pose la question suivante : « Quand vous dites qu’une part de vous est devenu policiers que voulez vous dire par là ? » Valentin Gendrot répond: « Quand je dis cela, je parle de mon vocabulaire : les expressions comme “bâtard” ou des habitudes comme regarder en 360 dans le métro pour voir s’il ne se passe rien, il m’a fallu plus d’un mois pour arrêter ces habitudes. »

Pendant son infiltration, après son travail quotidien au commissariat, il passait deux heures à écrire sur son ordinateur ce qui s’était passé durant la journée. Parfois, même au commissariat, il allait aux toilettes pour noter des informations importantes dans son téléphone ou il enregistrait des conversations.

Un seul de ses collègues a repris contact avec lui après la sortie du livre en disant : « Je suis choqué. » C'était une discussion très brève de deux voire trois messages.

En prime, l’auteur nous a donné deux petits conseils pour bien s’infiltrer : faire semblant d’être « con » ; ne pas donner trop de fausses informations pour ne pas s’y perdre.

            Pour finir la rencontre, nous avons fait faire à Valentin Gendrot un quiz de dix questions sur la police et sur le livre, pour vérifier son identité, au cas où il aurait envoyé un complice pour garder sa couverture. Il a répondu juste à huit questions, ce qui prouve que c’était bien lui et qu’il connaît bien son livre…