L’air de rien, innocemment, naïvement, le premier album de Pink Floyd pose les bases du monstre sacré à venir. Monstre sacré qui n’aurait pas vu le jour sans un jeune homme excentrique : Syd Barrett, étudiant en art originaire de Cambridge. C’est lui qui dès 1965 initie les premières moutures du groupe et y insuffle un élan psychédélique, poétique et novateur. Aussi, sur ce premier album, il y a déjà tout ce qui définit Pink Floyd : les expérimentations, la recherche sonore et surtout l’utilisation du studio d’enregistrement comme un instrument à part entière. Mais il y a un truc en plus sur ce premier album : la folie. Bien entendu, à bien des égards, on retrouvera la folie sur de nombreux albums de Pink Floyd. Mais jamais de manière aussi sincère et saisissante. Sur The Piper At The Gates Of Dawn, la folie est palpable, vécue. Une folie qui doit beaucoup à Dada et au Surréalisme, mais qui n’est en aucun cas une posture. Syd Barrett est tout sauf un jeune homme qui veut « avoir l’air de ». Et surtout, il entend faire de sa vie entière une expérimentation et n’hésite pas à avoir recours au LSD, très en vogue à l’époque. Barrett y laissera quelques plumes et deviendra vite ingérable pour les autres membres du groupe qui décideront de se passer de son talent dès le troisième album de Pink Floyd. Barrett entamera alors une brève carrière solo avant de se retirer définitivement chez sa maman pour peindre. Il décèdera en 2006.