Walter Salles, réalisateur franco-brésilien, à qui l’on doit entre-autres Central do Bresil (1998), ou encore Carnets de Voyage (2004), nous parle avec Je suis toujours là de la tragédie nationale qui bouleversa le Brésil entre 1964 et 1985, à travers le destin de la famille Paiva.
Le 31 mars 1964, le chef d’état-major de l’armée de terre brésilienne, Castelo Branco renverse le gouvernement de la quatrième république et son président Joao Goulart en prétextant une menace communiste. S’ensuit une dictature militaire qui durera de jusqu'en 1985.
Je suis toujours là est une adaptation de Ainda Estou Aqui, roman autobiographique de Marcelo Rubens Paiva, le fils de Rubens Paiva. Le film débute en 1971, à Rio de Janeiro, où l’on découvre une famille joyeuse et effervescente, les Paiva. Rubens est architecte et sa femme Eunice s’occupe de ses cinq enfants avec l’aide de leur employée Maria. Ils vivent dans une grande maison bourgeoise au bord de l’Océan. Peu après le départ de leur fille ainée Veroca pour faire ses études à Londres, un groupe d’hommes armés fait irruption dans la maison familiale, et emmènent Rubens au commissariat pour une prétendue déposition.
Des centaines de personnes soupçonnées à tort ou à raison d’être opposantes au régime en place furent enlevées, et parfois assassinées, sans que le régime ne le reconnaisse. On découvre en creux ce qu’a pu être le quotidien de certains résistants au régime. Walter Salles réussit le tour de force de ne montrer aucune violence physique à l’écran, cette menace et cette retenue rendent la tension d’autant plus grande. Dans sa seconde partie le film montre le combat d’une femme intelligente et tenace, qui fera tout son possible pour que la vérité sur la disparition de son mari soit reconnue. Je suis toujours là est un hommage extrêmement émouvant à cette famille de résistants. Le film a remporté l’Oscar du meilleur film international en 2025, le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise 2024 ainsi que plusieurs autres prix. ETIENNE