Affiche du film, représentant Marlene Dietrich en femme fatale. En arrière plan, diverse saynètes du film sont représentées.

En 1945, après la guerre, Billy Wilder, juif Autrichien, retourna en Europe à la recherche de sa famille.

 

Il tourne également pour l’armée américaine le premier documentaire sur les camps de la mort, Death Mills, destiné à éduquer les Allemands dans le cadre de la dénazification. Le film est jugé trop long, trop dur pour le public, et se retrouve coupé de 66 minutes, passant de long à court métrage. Deux ans plus tard, Wilder tourne La Scandaleuse de Berlin, afin de montrer la survie dans la capitale allemande juste après la guerre, dans le contexte précis de la dénazification et de la présence de l’armée américaine – espérant sans doute faire passer par la comédie les messages qui n’étaient pas passés via le documentaire.
Le scénario est relativement simple, sur une structure évoquant presque du théâtre de boulevard : le Capitaine Lund entretient une relation avec Erika von Schluetow (Marlene Dietrich), soupçonnée d’être une ancienne nazie. Quand Phoebe Frost, une jeune Républicaine représentant le congrès, arrive dans la ville pour enquêter sur les bonnes moeurs des soldats Américains, Lund entreprend de la séduire afin de protéger sa maîtresse. Mais les choses se compliquent lorsqu’il tombe véritablement amoureux de l’envoyée du congrès, cependant que ses supérieurs lui intiment l’ordre de poursuivre une relation clandestine avec Dietrich afin de capturer un ancien gradé nazi...
Le ton et l’intrigue ne sont pas sans rappeler Ninotchka de Lubitsch, déjà scénarisé par Wilder. Mais La Scandaleuse de Berlin se distingue pour ses qualités documentaires rares, étant l’un des seuls films montrant les ruines de Berlin juste après la guerre, véritable paysage post-apocalyptique dans lequel les gens – en particulier les femmes – doivent se résoudre aux travaux les plus dégradants s’ils veulent survivre, et où la présence américaine et l’entreprise de dénazification sont tournées en ridicule pour leur bureaucratie hypocrite et leur manque total de compréhension du réel. Comme d’habitude chez Wilder, les hommes et les femmes passent avant les nations ou les partis. Enfin, le film est en conversation avec toute la vie de Dietrich, de ses débuts dans L’Ange Bleu, qui avait lancé sa carrière et dans lequel elle jouait également une chanteuse de cabaret, en passant par son engagement en tant que chanteuse auprès des troupes américaines pendant la guerre, et demanda d’elle l’une des performances les plus difficiles de sa vie – interpréter une ancienne nazie, elle qui s’était battue contre eux – ce qu’elle n’accepta de faire que pour Billy Wilder.
La bibliothèque ne pouvait pas passer à côté de l’occasion d’enrichir ses collections de ce chef-d’oeuvre moins connu de ces grands artistes. CLEMENT

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