Affiche du film, représentant trois visages de femmes

Si le dernier film de Mohammad Rasoulof est bien une fiction, l’action prend place à Téhéran dans un contexte historique récent : les manifestations consécutives à la mort de Mahsa Amini en 2022.

 

L’étudiante de 22 ans avait été brutalement arrêtée par la police des mœurs iranienne pour « port de vêtements inappropriés ». Elle avait rapidement succombé à une hémorragie cérébrale consécutive aux violences infligées par les policiers. L'annonce du décès provoqua de nombreuses manifestations dans le milieu universitaire et toucha spécifiquement la jeunesse. La répression de ces manifestations par la milice du général Salami fut très violente et causa la mort de plusieurs centaines de manifestants ainsi que l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Les Graines du figuier sauvage retrace la vie d’une famille iranienne dont le père est en passe de devenir juge au sein de la police. Cette promotion qui lui est accordée bouleverse sa vie et ses valeurs. Très vite, il se retrouve prisonnier du système et s’y soumet, expédiant chaque jour les jugements de centaines de jeunes manifestants, les envoyant tantôt en prison, tantôt à la mort. Bien entendu, cette soumission au régime est entretenue par la peur qu’il inspire, mais également par un principe beaucoup plus banal : la recherche de l’ascension sociale. En effet, le père de famille pense au confort matériel de son épouse et de ses deux filles. Il est question d’un nouvel appartement de fonction, d’un lave-vaisselle. Le confort et le statut social valent bien quelques compromis avec la morale. Alors que ce nouveau contexte s’installe, l’arme de service du patriarche disparait au sein même du domicile familial. La tension monte lorsque le père soupçonne ses filles, puis sa femme.

Lui-même victime de plusieurs arrestations et de peines de prison, le réalisateur Mohammad Rasoulof connait les policiers et les magistrats iraniens. Il a eu de nombreuses fois l’occasion d’essayer de rencontrer l’humanité qui subsiste derrière la fonction. Il y est parfois parvenu. De fait, il ne s’agit pas d’accorder aux bourreaux des circonstances atténuantes, mais bien de les montrer tels qu’ils sont : des humains corruptibles, faibles, apeurés, constituant les rouages parfaits d’un système de terreur. ANTHONY

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