Quel est le point commun entre une querelle de couple pour savoir qui va payer l’addition, un casting de mode aussi cynique qu’hilarant, la vie hors-sol des milliardaires et un naufrage qui prend des airs de Koh-Lanta ?


Sans doute une critique du capitalisme et de la superficialité de notre monde occidental. Certes, mais pas seulement. Car il y a quelque chose du Parasite de Bong Joon Ho dans cette comédie caustique suédo-franco-germano-britannico-américaine. Une même ironie, une même outrance où tout le monde en prend pour son grade. En trois chapitres, Ruben Östlund règle leur compte aux professionnels de la fashion, aux influenceurs d’Instagram, au monde du travail, aux ultrariches comme au personnel de ménage. Et comme souvent, lorsqu’il s’agit d’outrance, de caricature, de trait forcé, la fiction est tout de même très proche de la réalité, puisque c’est avant tout d’une critique du pouvoir dont il s’agit, et à travers elle, d’une critique du genre humain. A noter une scène de tempête en mer magistralement vomito-scatologique dont la longueur n’a d’égal que la drôlerie.

Sans Filtre (Triangle Of Sadness), de Ruben Östlund, 2022