Qu’est-ce qui nous touche dans un film ? Pourquoi des images nous marquent-elles ?

Nanouk, un des premiers longs-métrages documentaires, fait le pari de faire confiance au mouvement de la vie pour nous intéresser. Tout au long du tournage, Flaherty montre les rushs à Nanouk et aux autres inuits pour écrire le film avec eux. A l’émerveillement de la découverte d’un peuple qui, étant donné les difficultés extrêmes de la vie dans le grand nord, doit faire preuve d’ingéniosité, de courage et d’intelligence pour survivre, vient peu à peu le profond sentiment de notre commune humanité. Pour citer Frances Flaherty l’épouse du réalisateur qui participa au tournage : « Je pense que lorsqu'ils nous sourient sur l'écran, nous sommes totalement désarmés et nous leur rendons leur sourire. Ils sont eux-mêmes et nous devenons nous-mêmes en retour. Tout ce qui pourrait nous séparer d'eux n'existe plus. Malgré nos différences, et peut-être grâce à elles, nous ne faisons plus qu'un avec eux. Et ce sentiment d'identité commune s'ancre en nous, pour se transformer en expérience profondément libératrice lorsque nous réalisons qu'effectivement, nous ne faisons qu'un avec les autres et avec les choses. »

Nanouk nous touche également, car avant d’être un documentaire sur les inuits, est avant tout un grand film sur l’amitié qui lie le chasseur Nanouk au réalisateur. Robert Flaherty a partagé pendant six ans la vie de Nanouk. Comme lui, il a eu froid, il a eu faim. L’amitié est égalité. Et ce qui fait la force de ce film, qui peut être vu à tout âge, est de ne pas prendre la voie aride de la démonstration mais de nous le montrer avec une grande simplicité.

Nanouk l'Esquimau de Robert Flaherty, 1922